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Stampa-Acquatinta-Agrigento-Gigoult-De-La-Salle-J-F-DOstervald-London-1825
Stampa-Acquatinta-Agrigento-Gigoult-De-La-Salle-J-F-DOstervald-London-1825

Il Viaggio ad Agrigento di Auguste Laugel nel 1872

5 Agosto 2018 //  by Elio Di Bella

Auguste Laugel Antoine-Auguste Laugel (20 gennaio 1830 – 1914) è stato uno storico e ingegnere francese nato a Strasburgo. Ricevette la sua educazione all’École polytechnique di Parigi e per un certo periodo fu segretario e confidente al Duca di Aumale.
Successivamente è stato nominato direttore delle Ferrovie di Parigi a Lione e nel Mediterraneo (PLM), presso la compagnia ferroviaria francese. Ha pubblicato articoli su varie riviste come la rivista dei Deux Mondes, dove ha scritto un importante racconto su “L’origine delle specie” di Darwin nel 1860.
È stato autore di numerose opere storiche e filosofiche.

Ha compiuto un viaggio in Sicilia e ha pubblicato nel 1872 le sue note di viaggio col titolo

  • Italie, Sicile, Bohême: notes de voyage (Italy, Sicily and Bohemia: Notes of the voyage); (1872)

april 1872

On arriveen fin à deux heures devant Girgenti nous y recevons l’hospitalitémagnifique du baron G.

On nous conduit d’abord à la cathédrale, une église du treizième siècle, restaurée, défigurée, sans style, remplie de grands pilastres peints, d’autels, de miroirs, de verroteries. La foule nous suit les femmes, la tête enveloppée de châles, s’assoient surles marches des autels; les enfants, les chiens courent en tous sens. Nous avons quelque peine à bien examinerle sarcophage antique qui sert de baptistère.

On a enlevé les planches de bois qui protègent les quatre faces. Les deux grands bas-reliefsreprésentent Hippolyte au moment de partir pour la chasse; le second, Hippolyte chassant le sanglier. Les femme; la suivante est derrière, elle a reçu le secret fatal qui vient d’échapper à sa maîtresse; cependant des jeunes filles jouent de la cithare et se tiennent respectueusement devant leur souveraine. Phèdre n’a rien de l’antique matrone, vigoureuse, hardie; sa beauté presque fragile, sa grâce exquise ajoutent je ne sais quoi de plus poignant à l’émotion. On la plaint; elle ne succombe pas aux ardeurs viles d’une Messaline, elle est comme une fleur penchée sur le précipice; elle brûle d’une flamme éthérée; elle est déjà coupable, elle est encore chaste. Ce petit basrelief est aussi pur, aussi beau que tout ce que l’antiquité nous a transmis; je ne puis en dire autant des trois autres. La scène où Hippolyte, prêt à partir avec ses compagnons, reçoit le secret de la bouche de la suivante qui se hisse à son oreille, est belle encore.

Les jeunes et farouches chasseurs ont bien les têtes grosses, les torses un peu épais; mais Hippolyte, la lance en main, la tête détournée, ne manque pas de grandeur. Ses amis, impatients, retiennent les chevaux et les chiens. Il semble presque impossible que la chasse d’Hippolyte soit de la même main. L’anatomie est beaucoup moins parfaite tout est rude et presque inachevé. La mort du fils de Thésée n’est guère qu’une ébauche. On croit que :e sarcophage est une copie faite par des ouvriers siciliens de quelque œuvre grecque célèbre; on expliquerait ainsi qu’il y ait de telles dissemblances d’exécution entre les diverses parties. Les Grecs de Sicile, on le sait, raffolaientd’Euripide; les Syracusains donnèrent la liberté à des prisonniers qui déclamaient des vers de leur poëte favori. Mais si le sarcophage de Girgenti n’est qu’une copie, comment n’a-t-il jamais été fait mention de l’original?

En sortant de la cathédrale, je vais me promener sur la grande terrasse de Girgenti et contempler la vue admirable dont on y jouit. Sur toute cette côte, des couches de grès plein de coquilles ont été relevées sous une assez forte inclinaison elles descendent versla mer en tables solides et épaisses, pareilles aux marches d’un escalier qui seraient inclinées.

La plus élevée est la Rupe Atenea, où se voyaient les temples de Minerve et de Jupiter Atabyrius; audessous est la ville moderne, sur l’emplacement de laquelle était le temple de Jupiter Polieus, dont il y a encore quelques colonnes enfouies dans les fondations d’une petite église. Sous cette deuxième marche d’escalier, où se trouve comme suspendue l’Agrigente moderne, enfermée dans ses hautes murailles, une marche plus basse porte une série de temples ruinés, solitaires, qui tracent une longue ligne parallèle à là mer; plus bas encore, une quatrième marche gigantesque, nue, large de plus de deux kilomètres, va droità la mer et trace une longue ligne unie sur le fond bleu des eaux. Ces grands plis, traversés par deux torrents, l’Acragas et l’Hypsa antiques, qui ne se réunissent que sur la pente inférieure, ont une ampleur et une majesté singulières.

La pente énorme qui va du sommet de l’île à la mer A de grandes cannelures comme une colonnedorique. Erice moment, la ville moderne semble en feu; le soleil couchant fait saillir les bastions anguleu rive sacrée? Cette mer qui fuit si loin dans le ciel, est-il vrai qu’elle touche à l’Afrique? Carthage m’apparaît au loin; je revois les flottes lentes, les vaisseaux à la proue élevée qui se sont disputé l’empire de ces eaux azurées. Je pense à Rome; mais non, Rome est trop près je ne veux songer qu’à l’heureuse Hellade, à cette civilisation qui vivait de beauté, aurore de l’humanité, sans nuages, sans trouble, sans remords. Moins puissante que Syracuse, Agrigente était pourtant une des plus belles villes helléniques. C’était une fille de Géla, fille elle-même de Syracuse. Elle granditrapidement, et devint le port principal de la rive méridionale.

Son premier tyran fut Phalaris. C’était un Crétois, un architecte chargé de construire le temple de Jupiter Polieus, il changea ses maçons en soldats, et se rendit maître de la ville pendant une fête de Cérès.

Sa mémoire est encore maudite tout le monde connaît le taureau de Phalaris, où le tyran aurait fait mourir d’abord Perillus, celui qui avait fondu le monstre de bronze. Dédale, fuyant la Crète, fut recueilli, suivant Diodore, par le roi sicanien Cocalus, qui avait bâti une forteresse sur la colline de Cacimus. Le minotaure était Crétois, parent peutêtre des Moloch, des dieux monstrueux et cruels de Carthage. Le taureau de Phalaris n’est-il qu’un souvenir symbolique de la lutte entre les dieux de la Grèce et ceux de l’Afrique? entre les divinités qui voulaient des sacrifices humains et celles qui se contentaient du sang des bœufs, des agneaux? Lucien, qui était un libertin, un philosophe, a deux dialogues sur le taureau de Phalaris il imagine que le tyran d’Agrigente envoie cet instrument de torture à Delphes; les prêtres remercient les envoyés au nom du dieu. Diodore affirme que Li taureau exista; il raconte qu’Himilcon l’emporta à Carthage, que Scipion, après la prise de cette ville’, le renvoya aux Agrigentais’. 1.On aime aujourd’hui à réhabiliter les tyrans Phalaris a aussi le profit de cette mode. On avoue bien qu’il était cruel; mais, vivant six siècles avant notre ère, il étaü de son temps. Il recherchait les philosophes, les artistes. Il fut clément comme Auguste, pardonna à Ménalippe et Chariton, couvrit

d’honneurs Stésichore, qui avait raconté aux gens, d’Himère la fable du cerf et du cheval pour les empêcher de demander des secours à Phalaris; il donna l’hospitalité à Zénon l’Éléate, à Pythagore même, écouta les remontrances de ces prophètes errants de l’Hellade. Il se plaignait à Pythagore des soucis de la tyrannie. « Qui voudrait naître, s’il conCicgRo-

In quibus etiam ille nobilis taurus, quem crudelissimus

omnium tyrannorum Phalaris habuisse dicitur, quo

vivo, supplicii causai, demittere homines, et subjicere flammam

solebat. Quem taurum Scipio quum redderet Agrigentinis

dixisse dicitur. (De Sigi2is.)

naissait les tourments de la vie? Mais une fois né,

qui veut mourir? Personne de même ne voudrait

être tyran, s’il connaissait d’avance les soucis de la

tyrannie; mais celui qui l’est devenu ne peut plus

cesser de l’être’. »

Phalaris mort, et la tradition veut qu’il ait été

lapidé par le peuple, Agrigente redevint une république

démocratique. Quand Gélon se fit tyran de

Syracuse, Agrigente se donna un nouveau tyran,

Théron. Leur alliance porta la Sicile au comble de

sa puissance. Carthage fut vaincue à Himère les

Carthaginois prisonniers furent employés à bâtir les

principaux temples d’Agrigente. Les habitants de la

ville, riches, vivaient dans la pourpre; toute la

campagne était couverte de vignes, de vergers. Des

fêtes magnifiques amusaient le peuple. Pindare,

Eschyle, Simonide étaient les hôtes du tyran.

Après lui, Empédocle donna à la ville une sorte de

constitution; l’aristocratie et le peuple se partageaient

le pouvoir. Il faut se figurer le grand philosophe,

vêtu de longs vêtements de pourpre, avec un

collier d’or, des cheveux flottants, suivi de beaux

jeunes gens. La philosophie positive n’invente rien

quand elle veut faire des savants les conducteurs des

hommes. Empédocle, qui s’érigeait en demi-dieu.

était un savant, un médecin; il avait assaini la

1 Vie de Pythagore, par Jamblique.

plaine fiévreuse de Sélinonte; il fit couper une montagne

pour donner le vent du nord à Agrigente; il

se donnait à lui-même le nom de Jupiter, traitait

les rois, Philippe de Macédoine, Agésilas de Sparte,

d’égal à égal. Il fit-des miracles, ressuscita une

femme, disparut miraculeusement; la légende le

montre se précipitant dans l’Etna. Il reçut des honneurs

divins à Sélinonte; Agrigente lui éleva une

statue qui plus tard fut transportée à Rome, et placée

devant la curie. Philosophe, oracle, charlatan!

Le port d’Agrigente se nomme encore le port d’Empédocle.

J’ai vu dans la rue principale un café d’Empédocle.

Le peuple est fidèle.

Comme Venise, comme toutes les républiques

aristocratiques, Agrigente se corrompit par la richesse.

Diodore se complaît à peindre son luxe, il

n’oublie rien; on peignait les enfants riches avec

des peignes d’or. La ville donna un jour à Exénètè,

vainqueur dans une course, trois cents paires de

chevaux blancs. Gellias avait dans ses caves trois

cents tonneaux de pierre pleins de vin. La fille

d’Antisthène allait à l’autel, le jour de son m

lers. Sans les mercenaires de Sparte, on n’aurait pu

offrir aucune résistance sérieuse. La peste fut l’ennemi

le plus terrible des assiégeants, campés au pied

des hautes murailles dont on voit si bien les restes

en avant des vieux temples. Quand les vivres furent

épuisés dans la ville, les mercenaires désertèrent; le

peuple entier, hommes, vieillards, enfants, quitta

la ville, de nuit, sous la conduite des derniers soldats,

dans les larmes, les gémissements, et prit le

chemin de Géla. Beaucoup restèrent, qui se donnèrent

la mort. Himilcon entra le matin dans la

ville muette, abandonnée; tout ce qui restait fut

passé au fil de l’épée. Gellias, dit-on, réfugié dans le

temple de Minerve, voyant venir les Carthaginois,

y mit le feu de sa main. On imagine ce que fut le

butin dans cette ville, la plus riche des colonies

grecques. On emporta tout ce qu’on put sur les

vaisseaux. La ville fut rasée, et l’armée féroce des

Africainsse vengea sur des pierres de ses soufrànces,

de ses terreurs et de ses fatigues. Les temples ne

furent pas respectés; ce que le feu avait laissé fut

livré au marteau. Il ne resta debout que ce qu’épargnèrent

des bras lassés de détruire. Il faut penser à

cela quand on ‘parcourt les vieux temples doriques

songer que cette beauté n’est qu’une beauté souillée,

mutilée, que ces pauvres pierres ont plus souffert

encore des hommes que du temps. Le temps, sous

ce ciel si’doux, est clément; il ronge peine les

angles, les cannelures; mais où l’homme passe, sa

fureur enfantinene connaîtpoint de merci. Çarthage

piétina surle cadavred’Agrigente assassinée, violée,

arracha ses beaux membres, voulut la rendre de suite

méconnaissable. En face de ces ruines, on pardonne

le « Delenda est Carthago ». Et que reste-t-il de Carthage

? Pas même une ruine un nom exécrable et

maudit!t

La nature est meilleure que les hommes; de quelle

parure merveilleuse elle enveloppe ces grands tombeaux

d’une religion antique I Le feuillage argenté

des oliviers, les fleurs roses de l’amandier, les vertes

pousses des figuiers, les hautes herbes, les fleurs

sauvages remplissent le grand cimetière. Le soleil

dore et caresse les vieilles colonnes; les rayons glissent

dans les fines cannelures et sur les gorgerins;

ils s’enroulent sur les chapiteaux doriques, coussins

de pierre qui portent les grands entablements

pensifs.

Voici tout ce qui reste du temple de Castor et de

Pollux au milieu d’un pré, quatre colonnes portent

quelques pierres de l’architrave et de la frise

on aperçoit encore cà et là sur la pierre rugueuse

des débris de stuc antique, quelques couleurs, un

peu de bleu, de rouge de brique. Ce temple avait

treize colonnes dans sa longueur, six sur les façades.

Un peu plus loin, gisent en désordre les restes du

fameux Olympion; des mains pieuses ont mis les

uns à côté des autres les morceaux d’un des Atlantes

gigantesques qui soutenaientla cella à peine l’œil

peut-il reconnaître une cariatide dans ce grand

monstre couché sur le dos, aux jambes noueuses,

aux bras ramenés au-dessus de la tête. Pas une colonne

n’est debout. Ce temple remonte à l’époque

où les Grecs cherchaient encore dans la grandeur

brutale un élément de beauté. On l’a mesuré, il dépassait

la Madeleine de Paris en superficie; quelques

chapiteaux qui gisent par terre ont enfoncé le sol de

leur masse énorme. Les colonnes n’étaientpas libres,

elles étaient à demi engagées comme des pilastres

dans le mur.L’art est encore ici monstrueux,gauche,

sans grâce; il rappelle les constructionsmassives de

l’Orient. J’aperçois sur quelques débris des plis de

draperies; mais nulle figure, nulle forme humaine

n’est restée visible. Presque tous les blocs portent les

entailles en fer à cheval où l’on passait les câbles

qui servaient à soulever les pierres. Je m’assieds un

moment sous un caroubier, au-dessus d’une véritable

mer de pierre; on dirait des blocs charriés dans

une débâcle ils se hérissent,surgissenten toussens.

Que de siècles ont passé sur ces débris mutilés!

L’imagination essaye de les relever, de refaire ces

murailles majestueuses; elle prend des couleurs à la

terre, au ciel, pour les en revêtir; elle relève les

géants.qui portaient le toit, puis tout retombe. On

ne voit plus que les blocs immobiles inclinés les

uns sur les autres, les mousses qui les rongent, les

petites herbes qui s’y sont logé2s, les fleurs innocentes,

les ombres que projette le soleil en sa marche

monotone.

L’Olympion fut bâti après la grande victoire d’Himère.

L’Hellade célébrait partout son triomphe;

elle élevait à Athènes le Parthénon, à Sélinonte un

autre Olympion, à Olympie le temple de Jupiter, à

Phigalée le temple d’Apollon,, à Argos le temple de

Junon. La défaite des Carthaginois à Himère et

celle des Perses à Salamine avaient établi la suprématie

de la Grèce. Les noirs nuages venus de l’Asie,

de l’Afrique étaient dissipés. Le lourd Olympion

d’Agrigentefut bâti lentement; ils’élevaitseulement

jusqu’au toit en 406, quand la malheureuse ville fut

prise et détruite. Voici ce qu’en dit Diodore un siècle

après

« La construction de leurs temples, surtout de

celui de Jupiter, manifeste la magnificencedes Agrigentins

à cette époque. Des autres temples, les uns

furent biùlés, les autres totalementdémolis dans les

fréquentes prises de la ville. Mais le temple de Jupiter

Olympien allait recevoir son toit quand son

achèvement fut arrêté par la guerre. Depuisl’époque

de la destruction de leur ville, les Agrigentais n’ont

jamais été en mesure d’achever les édifices alors en

construction. Ce temple a une longueur de trois

cent quarante pieds, une largeur de cent soixante

et une hauteur de cent vingt, sans compter la base.

C’est le plus grand de tous les temples de Sicile,

et pourla grandeur des proportions on peut le comparer

à ceux des pays étrangers. Bien que le plan

primitif n’ait pu être complété, les intentions et

l’arrangement sont clairement manifestes. Tandis

que les uns élevaient des temples avec de simples

murailles, que les autres les entouraient de colonnes,

ce temple participe de ces deux modes de

construction; car les colonnes étaient engagées dans

la masse des miurailles et arrondies extérieurement,

mais elles avaient une face carrée à l’intérieur du

temple. Leur circonférence à la partie extérieure

était de vingt pieds, de façon que le corps d’un

homme pouvait entrer dans une cannelure; et la

partie interne mesurait douze pieds. La grandeur et

la hauteur des portiques étaient merveilleuses. Sur

la partie qui fait face à l’orient était représentée la

bataille des dieux et des géants, admirable pour sa

grandeur, sa beauté, pour l’excellence du travail;

sur le côté ouest, la prise de Troie, où chacun des

héros, sculpté avec soin se reconnaissait à ses caractères

particuliers. »

Polybe vit encore le temple debout; les tremblements

de terre, les Sarrasins le démolirent

peu à peu. En 1401, trois des grands Atlas, les

seuls qui restaient encore debout, s’écroulèrent.

Le’temple devint une carrière les pierres du môle

de Girgenti, bâti sous Charles III de Bourbon, en

viennent.

En suivant la ligne des temples, j’arrive à celui

d’Hercule mais qu’on n’attache pas trop d’importance

à ces noms, que l’archéologie change .de

temps en temps. La base du temple, dont les cinq

marches sont nettement dessinées, est couverte de

débris de colonnes écroulées; une seule reste debout

¡d’angle d’un fronton, découronnée, sans chapiteau,

sentinelle du passé. Au pied de l’escalier et sur les

marches mêmes gisent aussi des débris; tout auprès

de la colonne solitaire, un olivier laisse pendre son

feuillage clair-semé, bicolore; au bord d’une coupure

du terrain, les aloès tordent leurs feuilles aiguës;

les fines graminées caressent -les cannelures et les

débris de la frise, où se voient encore quelques traces

de couleur pourpre. Après l’Olympion, le temple

d’Hercule était le plus grand d’Agrigente il était

hexastyle périptère, avait quinze colonnes dans la

longueur, six dans la largeur. Les chapiteaux doriques

ont cette courbe inexprimable, où l’on sent

une certaine mollesse en même temps que la force

extrême, comme d’une chair ferme et dure; quatre

fines raies y sont tracées à la partie inférieure de la

large et pleine échine. La hauteur des colonnes

avec le chapiteau égale quatre fois et demie seulement

le diamètre de la. base (38,2 palmes); il en

résultait une impression de vigueur extraordinaire,

ainsi que du large entablement qui avait près de

la moitié de la hauteur des colonnes. La. frise, l’architrave

étaient enduites de peinturesrouges, bleues,

noires, blanches.

La cella hypèthre renfermait la célèbre statue

d’Hercule.que Verres tenta de dérober. Cicéron raconte

que le pied de bronze était usé par les baisers

des adorateurs du dieu de la force. Le temple fut

attaqué la nuit par les satellites de Verrès; les gardiens

furent repoussés. On brise les portes; on va

enlever la statue, quand les Agrigentins, réveillés

dans leur sommeil, arrivent en foule et mettent en

fuite les voleurs. Ce Verrès avait organisé le pillage

systématique de la Sicile on ne peut faire un pas

en Sicile sans rencontrersa trace. C’est le plus illustre

bandit de l’histoire. On comprend bien, en relisant

le plaidoyer de Cicéron, à quel degré d’abaissement

la pauvre Ile fut réduite sous la cruelle domination

de Rome. Ce Verrès d’ailleurs était un artiste, un

collectionneur; il savait choisir, il aimait le beau. Si

ce préfet intelligent paraît avoir eu une préférence

pour les objets sacrés, ce n’était pas pour le plaisir

d’outrager les dieux, mais seulement parce que les

plus belles statues étaient dans les temples. Il serait

peut-être temps qu’on le réhabilitât, après Phalaris,

et qu’on dîtson fait à Cicéron, qui, à propos de cette

statue même d’Hercule dont nous parlons, avoue

qu’il n’entend pas grand’chose aux beaux-arts Ta-

metsi non tam multum in istisrebus intelligo, quam

multa vidi.

Il y avait en outre, dans.le temple d’Hercule, une

Alcmène de Zeuxis. Suivant Pline, l’artiste avait été

si charmé de cette œuvre, qu’il n’avait pas voulu y

attacher un prix’ et l’avait donnée au dieu.

Par un sentier bordé de fleurs, parmi des arbres

charmants dont le feuillage printanier, jaunâtre encore

et comme lavé par des mains invisibles, luit

gaiementau soleil, nousmontons le légerrenflement

qui domine le temple de ‘la Concorde. A quelque

distance, il est si beau qu’on n’a point envie d’approcher.

Sur l’ombre calme et noire du péristyle se

détachent les six colonnes du fronton. Le temple est

entier; la colonnade latérale. fuit jusqu’au fronton

postérieur, aussi debout. Pourquoi ces colonnessans

base, avec ce lourd turban du chapiteau couvert d’un

énorme dé carré, semblent-elles presque^aériennes?

Est-ce parce qu’elles semblent sortir du rocher et

participer de sa force sans limites? parce que les cannelures

font onduler leur masse arrondie? ou plutôt

parce qu’une lumière éthérée les transfigure, les soulève,

les irradie? La grâce ne se mesure pas au

compas. Les feuilles d’acanthe du chapiteau corinthien

peuvent-elles bien soutenir les lourdes assises

d’un entablement? On s’attend à les voir plier, se

rompre; mais l’anneau dorique est résistant, sa courbure

le fait croire élastique.Commel’œiljouit de cette

vie de la pierre, de cette pureté de lignes! L’ombre

accentue tout; elle fait saillir la forte corniche, elle

dessine les gouttièresdes triglyphes, les petites perles

qui semblent en dégoutter; elle infléchit les chapiteaux,

les cannelures; elle oppose de sombres plans

à la pierre étincelanté, aux doux rectangles d’azur

des entre colonnements; elle équarrit les quatre

marches qui soutiennent tout l’édifice comme un

piédestal. Le christianisme a

sauvé ce temple merveilleux

en changeant la cella en chapelle. Tout est

debout, les trente-quatrecolonnesântiques, les deux

frontons,; il ne manque que le toit. Dansla cella,

on voit encore jusqu’aux escaliers qui conduisaient

sur le toit. On ne peut voir un temple dorique plus

complet, plus parfait. Sur toutes les colonnes, on

aperçoit encore des portions revêtues du fin enduit

blanchâtrequi couvrait jadis toute la pierre.

Un peu.plus loin est le temple de Junon Lucinie.

Les frontons sont écroulés; mais les colonnessont

debout, et tout un côté du temple supporte encore

l’entablement; l’autre côté, avec les murs de la cella,

a été renversé par un tremblement de terre. Ici aussi,

il y avait un portique de trente-quatre colonnes à

vingt cannelures, treize colonnes sur la longueur,

six sur les frontons. Comme celles du temple de la

les colonnes ont vingt cannelures; leur hauteur est à peu

près égale à cinq fois le diamètre de la base.

Concorde, les colonnes ont un peu plus de légèreté

que celles du temple d’Hercule. Il y a comme une

gradation de légèreté depuis le lourd et énorme

Olympion jusqu’au temple de Junon, qui est peutêtre

en relation mystiqueavec l’altitude, car la pente

s’élève toujours à partir de l’Olympion. Les colonnes

isolées du temple de Junon semblent presque grêles

détachées sur le fond du ciel. C’est ici que Zeuxis

avait mis sa célèbre statue de Junon, pour laquelle

avaient posé, dit-on, les plus bellesfilles d’Agrigente.

La vue de ce point est admirable. Le temple de la

Concorde s’élève au-dessus d’une épaisse verdure;

on aperçoitl’anciennemuraille demi-écroulée,percée

de niches, de trous de columbarium. Au pied, des

pentes couvertes de fûts de colonnes, de blocs, la

plaine verte où campèrent les Carthaginois, et la

ligne majestueuse de la mer parallèle à la ligne des

temples. Quel calme en ce beau lieu 1 quelledouceur

et quelle quiétude sur cette rive bénie, d’où n’approchent

plus la guerre, l’horrible invasion et les

flottes ennemies Mais qui désormaisjouira de cette

paix? Où sont’ les richesses qui paraient ces temples?

Qui de nous peut seulement bien comprendre cette

géométrie sacrée, cette esthétique oubliée et naïve,

cette simplicité sublime?Nos âmessans cesse remuées

ne savent plus jouir pleinement de ces formes sans

flexions, qui ont la fixité de l’éternité; elles ne connaissent

plus le charme de la symétrie parfaite, elles

soupçonnent sans le comprendre le mystère qui dort

depuis des siècles dans des pierres qui ne sont plus

qu’un masque sans vie.

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Italie_Sicile_Bohême___notes_[…]Laugel_Auguste

auguste laugel a girgenti

Categoria: Agrigento RaccontaTag: agrigento, girgenti, valle dei templi

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